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Batifolire, tribulations en zone littéraire
8 mai 2011

2 jours pour faire des thunes

 Attention, tourbillon ! 2 jours pour faire des thunes, second roman d'Hamid Jemaï paru chez Exprim' Sarbacane en ce début du mois de mai, envoie du lourd !

  Micklo est un charclo ou presque : il se décrit lui-même comme "glandeur, flambeur, farceur". Sa vie bascule au détour d'une partie de poker qu'il perd. Début des ennuis, début de l'histoire, début du délicieux carnage. Parce qu'en face y'a Monsieur Goulag et il est pas trop content, du coup en deux jours Micklo doit trouver 20000 euros, deux jours pour faire des thunes... Heureusement, notre héros a de la ressource, ses tontons gitans s'y connaissent aussi dans le Milieu des embrouilles mafieuses. Mais cela suffira-t-il?

9782848654447

 J'ai commencé le roman avec curiosité, je l'ai fini en étant épatée et en gros je l'ai pas lâché. Ce qu'arrive à faire Hamid Jemaï est assez fort, on ne lit pas un bouquin, on voit un film qui défile à 100 à l'heure sous nos yeux tant l'écriture est visuelle, délibérémment visuelle même puisque le lexique du cinéma est très présent dans le texte.

"Décor surréaliste sur un putain d'coucher d'soleil - ciel teinté de jaune orange et veiné de rouge mauve. Vue de haut, la scène ; plongée panoramique d'une grue modèle gratte-ciel, on tourne un moment et puis on descend, on descend, on arrive, débarquement calme et posé, un doux mouvement quasi robotisé..."

  Du début à la fin, le rythme ne faiblit pas et la dernière partie du roman est vraiment très prenante car innatendue et parsemée de rebondissements. On est entraîné au travers des "flash-babké", des mini-anticipations et surtout des nombreuses adresses au lecteur qui le transforme presque en conscience. Car, en effet, le narrateur, qui n'est autre que Micklo a parfaitement conscience qu'il bascule du côté obscur et qu'il sombre dans une froide violence dominée par loi du plus fort. Cest aspect est d'ailleurs intéressant et il me semble que c'est un thème déjà abordé Dans la peau d'un youv', premier opus de l'auteur : comment la violence sans pitié s'immisce-t-elle chez un être humain.

"C'est fou, j'me dis - mais sans vraiment le penser - : je participe à la mort de j'sais pas combien de personnes, et une heure après, je balance un grand sourire au boulanger."

  Malgré le contexte mafieux, dangereux, belliqueux du roman, il n'en reste pas moins drôle car les aventures de Micklo sont un peu surréalistes et sa personnalité est autant attachante que comique finalement. A voir comment il se met dans le pétrin et comment de légères conneries en très grosses conneries finissent par vraiment dégénérer, on ne peut que se moquer gentiment de lui.

  Je laisse le meilleur pour la fin, ce qui m'épate toujours dans ce qu'on appelle de nos jours "le roman urbain", c'est le jeu avec la langue et les sonorités. Les mots claquent et on entend le texte slamé de lui-même. Chaque parole semble être mise en valeur par les autres qui l'entourent. Je n'ai pas d'extrait à citer, le roman étant un long slam à part entière, vous auriez donc tort de vous en priver.

Chez Otium aussi, le roman a été plébiscité.

Un extrait de la bande-son du roman, George Baker Select, Little green bag (B.O. de Reservoir Dogs)

 

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Commentaires
S
Voilà, j'ai fini le livre et publié ma critique, alors je viens lire les autres, et j'aime beaucoup la tienne !<br /> J'ai beaucoup aimé le livre aussi ^^
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