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Batifolire, tribulations en zone littéraire
6 septembre 2011

Mais qui es-tu Antoine Dole?

 Dans 1 jour (quelques heures en fait) sortira son troisième roman K-Cendres publié chez Sarbacane dans la collection Exprim'. Mais qui es-tu Antoine Dole?

Petite rétro sur l'avant en attendant le maintenant qui sortira demain.

antoine

 Auteur à multiples facettes, il a d'abord publié des nouvelles dans diverses revues notamment dans "En attendant l'Or", collectif qu'il a lui-même fondé ainsi que dans un recueil de textes Les autopsies intimes paru aux éditions du Cygne en mai 2007.

 C'est l'année suivante que l'on entend plus parler de lui, à la sortie de son premier roman Je reviens de mourir (Exprim' Sarbacane) qui suscite de vives critiques, notamment une, le dénoncant comme étant un roman mysogine et violent et qui donnera lieu à un droit de réponse magistral de la part des éditeurs. Depuis, heureusement, l'eau a coulé sous les ponts grâce à des bouquins de ce genre, les mentalités évoluent comme le montre ce récent travail d'Annie Rolland qui étudie très intelligement la relation des jeunes lecteurs avec ce type de littérature. En 2010, arrive son second roman Laisse brûler ainsi qu'en parallèle une bande dessinée, Bad Romance (City Editions), pendant masculin de ces BD de filles retraçant le joyeux quotidien des presque trentenaires.

 2010 est décidément l'année de l'éclectisme puisqu'il co-écrit avec la rappeuse Sté Strauz un documentaire sur l'histoire du hip hop féminin en France (Fly girls, éditions au Diable Vert) et qu'il s'essaye à l'essai-guide-manifeste avec Osez la masturbation masculine (La musardine) qui se propose d'explorer les diverses techniques du dit sujet. Pour finir, son court métrage Deadline (dont le teaser me fait absolument flipper) est sélectionné au Short Film Corner au Festival de Cannes 2011. Rien que ça. Donc avant la sortie imminente de son troisième roman, voici un aperçu des deux premiers, pour ceux qui ne connaitraient pas encore (c'est-à-dire ceux qui ne sont pas sortis en librairies depuis quatre ans).

 couv_je_reviens

 C'est donc avec l'histoire de Marion et Eve que je le découvre en 2007. Alors que la première se prostitue par amour pour son mec, la seconde enchaine les plans cul trouvés sur le net. Leurs récits se succèdent et s'entremêlent, première personne pour Marion et troisième pour Eve. Mais la détresse est la même et la fatale issue peut-être un peu pareille.

couvlaisse

  Dans Laisse brûler, les héros sont trois et sont masculins. Trois voix différentes : la première celle de Noah, la seconde pour Julien et la troisième pour Maxime. Tryptique intimement lié : Noah aime Julien qui ne l'aime pas mais il est aimé par Maxime. Maxime s'en prend alors à Julien tandis que Noah se laisse doucement dérivé vers le pire.

 Ces deux romans sont durs, certes, parfois violents et toujours un peu cru, mais ils savent taper juste là où il faut. Rien que ça, c'est déjà beaucoup. Mais il y a mieux, la construction toujours très maîtrisée donnant lieu à des épilogues magistraux qui confère au tout une grande richesse. C'est celle qui te fait lâcher le livre en disant : "Wahou" (ou rien du tout, c'est selon le caractère en fait) et qui te donne envie de relire l'histoire sous cet éclairage. Parce que tout du long, on était dans le noir et même si on galère à craquer l'allumette, à la fin, il y a cette petite lueur qui éclaire le reste. J'ai lu les trois romans d'une traite, dans l'urgence, la même qui semble animée les personnages auxquels on s'attache rapidement tant leurs sentiments sont mis à nu et savent parfois refléter les nôtres. Le mal-être et la souffrance, mal du Siècle, sont ici très bien décrits tout en images et poésie et sans complaisance aucune. La vérité nue, celle qui fait du bien aussi. Car à force d'édulcoré, jeunesse et vieillesse s'ennuirait. La démarche est risquée mais sincère et on peut donc totalement se laisser porter par l'émotion des mots. Alors bien sûr, on est toujours au bord, on risque toujours de basculer et bien que ce soit "ça qui est bon", se faire remuer les tripes, on préfère se garder ce plaisir pour nous les adultes et protéger nos jeunes lecteurs. Que diable, la censure et la raison, laissons brûler la flamme de la Littérature tant qu'elle est encore là.

affichekass

 "De son dernier roman, Antoine Dole dit qu'il y a dans la tragédie du mythe de Cassandre quelque chose de commun à toutes nos solitudes, de très contemporain. Le cheminement de K-Cendres, du début jusqu'à la fin du roman, est une quête : elle cherche quelque chose qui soit vrai dans un monde de strass et d'apparences, elle cherche quelqu'un pour la croire et pas seulement pour l'écouter.
Bien sûr, un récit comme K-Cendres me permettait de réagir, par la fiction, aux polémiques qu'avait suscité "Je reviens de mourir", puisque j'avais regretté à ce moment là qu'on donne une valeur de documentaire à ce qui était pour moi de l'émotion. Mais K-Cendres était aussi l'occasion de matérialiser un ressenti par rapport aux professionnels, à l'industrie de masse et la violence qui peut en découler humainement, ce besoin de presser, d'user, d'abuser des gens pour en tirer quelque chose de banquable, d'utile, de profitable au plus grand nombre, et puis de les jeter. Cette façon de consommer l'artiste, de le capitaliser au maximum, lui donne une valeur binaire. On n'est plus dans le sens ou dans l'émotionnel, on est dans le business : ce qui marche et ce qui ne marche pas. Ca ne gène pas l'industrie de produire le même livre, le même film, la même chanson, à la chaîne. Ca ne gène pas l'industrie de perdre ses artistes, elle peut en fabriquer. C'est tout ça qui trouve un écho dans le parcours de K-Cendres."

 

 Les méandres de K-Cendres, c'est donc tout un programme et c'est demain en librairie!

(Ou maintenant sur facebook)

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Commentaires
C
à mon grand regret ! les horaires avec mes enfants ne correspondaient pas mais cette année, si ! <br /> je vais essayé d'y aller quand je n'aurai de nouveau plus de travail (CDD) mais c'est vrai que j'ai du mal à y aller en étant seule (snif)
A
Oui, j'avais remarqué ta critique! j'essaye de le prendre à sa sortie.<br /> Et oui je parlais du film "la guerre est déclarée", j'étais sûre que c'était toi vu qu'on a des goûts musicaux/littéraires un peu similaires mais c'est vrai que tu parles pas trop de ciné en fait! :)
C
j'ai lu K Cendres aussi et c'est vrai qu'il est dur...mais il a le mérite de faire réagir et ça c'est déjà pas si mal par rapport à des tas de trucs insipides que l'on peut lire (qui ne nous donnent même pas de plaisir)...tu devrais apprécier également Le faire ou mourir dont je parle dans mon blog...
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