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Batifolire, tribulations en zone littéraire
19 mai 2012

On est pas là pour se faire baratiner #5 - Daph Nobody épisode #6

 Avant-dernier jour qui permet de faire un focus sur la petite touche novatrice signée Daph Nobody qui a eu la bonne idée d'insérer des bonus à la fin de son dernier roman.

bonus

L’enfant nucléaire a la particularité d’avoir intégré des bonus (adresse directe au lecteur, scènes coupées) d’où vient cette idée et pourquoi prend-t-elle forme dans ce roman ?

En fait, cela faisait déjà quelques années que j’avais dans l’idée de mettre des bonus dans mes livres. Des interviews, des scènes coupées, ce genre de choses, auxquelles nous sommes plus familiers en support dvd. Je pensais d’ailleurs que je serais le premier à le faire... avant de découvrir que les Américains le font depuis des années déjà. Dans le troisième volume du Cycle des Ténèbres, qui reste à publier, on trouve en bonus une même nouvelle en deux versions, dont la première partie est analogue mais dont la deuxième change radicalement. Je trouve intéressant, en tant que lecteur, de voir qu’à partir d’un même point de départ on peut obtenir deux aboutissements totalement différents. De même, je trouve passionnant d’avoir accès à des scènes supprimées, à des notes personnelles des auteurs, parce que ça permet de mieux saisir le cheminement d’un auteur vers le « monument final », d’analyser les différentes phases par lesquelles il est passé avant de prendre des décisions cruciales tant au niveau du fond que de la forme. En outre, ça renforce encore le rapport entre l’auteur et son lecteur, ça l’« intimise » davantage. Dans le fond, je mets en bonus ce que moi-même j’aimerais trouver en « petit extra » dans les livres des autres auteurs. J’aime beaucoup lire les préfaces et les postfaces, ça me donne le sentiment d’avoir un rapport privilégié avec un auteur. J’ai alors le sentiment qu’il me parle, qu’il me confie des secrets sur sa création, sur ses motifs et desiderata, et même qu’il me file de bons tuyaux à l’instar d’un professeur qui aiguille son élève. Mon éditeur n’est pas très friand de ce genre d’approches et d’ajouts, moi bien. Quand je lis un livre et qu’il m’a plu, j’ai envie d’en savoir plus sur les coulisses de son élaboration. Et je n’ai pas toujours envie d’allumer mon ordinateur et de surfer pendant des heures sur le net pour glaner des informations. Je lis plus volontiers des annexes dans un livre que sur Internet où l’on ne sait jamais vraiment d’où proviennent les informations et si elles sont entièrement fondées. En outre, il y a des détails importants que j’ai envie de préciser « à chaud » pour les lecteurs, et s’ils sont spécifiés dans le livre même, au moins je sais que le lecteur y a accès immédiatement. Sur la toile, il faut qu’il aille faire des recherches. Or, sur le net, ce brave et valeureux lecteur a certainement plein d’autres choses à foutre que ça. Pour finir, tant qu’on n’est pas une star, on peut créer tous les blogs et sites que l’on veut, on n’aura que quelques visiteurs, c’est beaucoup de travail pour peu de résultats que de mettre tous ces bonus en ligne plutôt que sur papier. Et le sens de l’ergonomie, dans tout ça ! (rires)

 

Les bonus étaient beaucoup plus nombreux au départ. Moult scènes ont été supprimées des bonus également, à mon grand regret, mais j’avais pour consigne stricte de ne pas dépasser un certain nombre de pages, alors j’ai dû me faire une raison. Mais j’espère un jour pouvoir rééditer ce roman avec tout ce qu’il contenait à l’origine. Je ne dis pas que je ne suis pas satisfait du roman tel qu’il est présenté au public dans son édition 2012, mais je voudrais permettre aux lecteurs passionnés d’accéder à l'œuvre dans son intégralité, et pas le limiter à une version abrégée. Cela se fait de plus en plus, depuis dix ans, de rééditer des romans en versions intégrales et agrémentées de toutes sortes de suppléments. Mais pour pouvoir se permettre cela, encore une fois, il faut être célèbre, en d’autres termes rapporter beaucoup d’argent au milieu éditorial. Je ne vis pas cela en artiste torturé, je te rassure tout de suite, mais comme un jeu. À chaque échelon que tu gravis, tu obtiens de nouveaux avantages, de nouvelles libertés, de nouveaux droits. Dans le fond, il faut voir la vie comme un grand jeu de société, avec des cases. La case « hôtel », la case « investissement », la case « prison »... et n’oublions pas la case « départ » qui revient perpétuellement sur le tapis.

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